"Le souffle au coeur" de Louis Malle (1971)

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Louis Malle cherche le scandale en présentant l'inceste comme un acte d'amour, écorchant au passage l'institution catholique et la bourgeoisie qui l'a vu naître.Dijon, 1954. Laurent, 15 ans, commence à s'opposer à son père conservateur, et se rebiffe contre les conventions sociales, qu'il juge stupides. Il ne respecte aucune autorité, essaie avec chacun de voir jusqu'où il peut aller, se conduit de manière insupportable. Il fume et boit beaucoup, s'intéresse aux filles de trop près. Mais il en est une seule qu'il aime : sa mère, une femme belle, douce et peu conventionnelle. En raison d'un souffle au cœur, Laurent doit partir en cure. Sa mère l'accompagne. Au cours de ce séjour, alors qu'ils sont coupés de leur milieu, l'impensable arrive.Le souffre au cœur Charge contre le mépris de classe et les mœurs dévoyées de la bourgeoisie, ainsi que celles de l'institution catholique, sortie en 1971 dans une ambiance libertaire, Le souffle au cœur aborde un tabou millénaire, l'inceste, sous la forme assumée d'une comédie de mœurs. Rejetant toute notion de condamnation morale (l'acte y est présenté dans les sept dernières minutes du film comme le fruit accidentel d'un marivaudage aux allures innocentes, sans conséquence pour ses protagonistes), l'œuvre faillit ne pas obtenir le sésame de l'alors toute-puissante Commission de contrôle des films cinématographiques, et sera interdite à sa sortie aux moins de 18 ans. Quelle était l'intention du réalisateur ? Louis Malle témoignera avoir modifié une première version du scénario – librement adapté du roman Ma mère de George Bataille –, qui par le suicide final du jeune Laurent projetait une aura tragique sur le film. Le cinéaste choisit délibérément de diluer l'importance de cet acte traumatique dans la banalité du quotidien. Veut-il interroger l'acceptabilité des pulsions par la société de son temps, trois ans après Mai 68 ? Avec plus de 2 millions et demi d'entrées et un triomphe en projection au Festival de Cannes, Le souffle au cœur choqua mais ne suscita pas le scandale redouté – ou recherché – par le réalisateur. Son pari de la subtilité et d'un positionnement amoral pour mieux déranger la société de son temps est à replacer dans la vague libertaire des années 1970. Il n'en demeure pas moins qu'à l'époque et a fortiori aujourd'hui, alors que les témoignages recueillis par la Ciivise (Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants) ont rendu publics les immenses ravages causés par l'inceste sur ses trop nombreuses victimes, le parti pris du réalisateur peut s'avérer dérangeant.

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