"La fabuleuse histoire du juif errant" de Pierre-Henry Salfati (2022)

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Par Pierre-Henry Salfati, une évocation de ses multiples représentations à travers les siècles et les arts. L’histoire commence à Jérusalem. Croulant sous le poids de sa croix, Jésus se serait arrêté devant l’échoppe d’un cordonnier, qui le chassa. Le Christ l’aurait alors condamné à marcher sans cesse jusqu’à son retour sur Terre pour le Jugement dernier. Née au XIIIe siècle, dans le prolongement de l’antijudaïsme augustinien, la légende du Juif errant se diffuse dans toute l’Europe, faisant du vieux barbu au bâton de pèlerin et à la bourse toujours remplie de cinq sous un véritable héros populaire, le plus souvent nommé Ahasvérus. Du Don Quichotte de Cervantès, en guerre contre l’absurdité du monde, au feuilleton à succès d’Eugène Sue, dans lequel il apparaît en messie social, sauveur des déshérités, son mythe inspire nombre d’écrivains (Apollinaire, Tolstoï, Andersen…), de même que les publicitaires, qui le mettent en scène dans les premières réclames. Cinéastes et musiciens y vont également de leur interprétation, à l’instar du vagabond Chaplin ou de Kurt Weill, lequel dénonce les persécutions nazies dans The Eternal Road, une œuvre composée aux premières heures de son exil américain. Car l’errance – à laquelle Theodor Herzl, le père du sionisme, voulut mettre un terme – nourrit aussi l’antisémitisme, qu’il s’incarne dans la folie juive du voyage décrite par le docteur Charcot ou la théorie de la peste juive, au cœur de la pensée du magnat de l’automobile Henry Ford ou du film Le juif éternel, commandé par Joseph Goebbels.  Avatars inattendus Auteur d’un ouvrage éponyme coédité par ARTE Éditions et Albin Michel, Pierre-Henry Salfati (Robert Redford – L’ange blond) déroule à l’écran la fabuleuse histoire du Juif errant, de son origine à ses avatars les plus récents, tel Superman. Sur un ton aussi érudit qu’attrayant, le réalisateur tisse interventions face caméra et riches illustrations (dessins, extraits de films, archives, dont des photos d’un reportage d’Albert Londres en Europe de l’Est) pour évoquer les multiples représentations, à travers les siècles et les arts, de ce marcheur aux pouvoirs surnaturels, qui incarne à la fois la malédiction et l’espérance absolue de l’homme. 

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