1 critique(s)
Kukum / Michel Jean
Livre
Edité par Dépaysage | 2020
"Venir me réfugier au lac, comme ce matin, m'apaise, car il me rappelle qui nous avons été et qui nous sommes toujours. Pekuakami : ta surface lisse se mêle à l'horizon, le soleil s'y mire comme dans une glace, et ce miroir me renvoie à tous mes souvenirs." Au soir de sa vie, sur les rives de Pekuakami ? le majestueux lac Saint-Jean, au Québec ?, Almanda remonte le fil de son existence, comme autrefois les rivières. Orpheline, elle est élevée par un couple de modestes fermiers qui la destine aux travaux des champs. Mais sa rencontre amoureuse avec un jeune chasseur innu va tout bouleverser : elle quitte alors les siens et rejoint le clan des Atuk-Siméon dont elle partagera le quotidien et auprès de qui elle apprendra à vivre en forêt. Centré sur le destin singulier d'une femme éprise de liberté, ce roman relate, sur un ton intimiste, la fin du mode de vie traditionnel des peuples nomades du nord-est de l'Amérique, contraints à la sédentarité. Almanda Siméon est l'arrière-grand-mère de Michel Jean, sa kokum.
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Avis
Avis des lecteurs
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Très émouvant
Sans aucun doute, ma lecture la plus émouvante de 2022 : Kukum de Michel Jean. C’est l’histoire d’Almanda, l’arrière-grand-mère de l’auteur. Jeune fille orpheline, vivant avec ses parents adoptifs au bord du Pekuakami, Almanda rencontre Thomas un jeune homme innu. Après leur mariage, elle rejoint le clan de son mari : les Siméon. C’est une histoire d’amour, d’apprentissage, d’intégration. Almanda va découvrir un mode de vie qui lui était complètement inconnu. Un mode de vie en harmonie avec la nature, avec le vivant. Une vie nomade. Parfois rude quand l’hiver est rigoureux, quand le gibier manque. Elle va découvrir des coutumes, des savoirs faire précieux, et une langue : l’innu-aimun. Tout change vite, si vite à cette époque au bord du Pekuakami. Bientôt les arbres sont abattus, la forêt disparaît et le territoire de chasse des Siméon n’est plus accessible. Almanda et les siens ainsi que d’autres clans de Pointe Bleue se retrouvent brutalement sédentaires, parqués dans une réserve, coupés de leurs territoires. Les enfants sont enlevés de force à leurs parents pour être envoyés très loin, dans des pensionnats. Pensionnats dans lesquels certains subiront des sévices, et dont certains ne reviendront jamais. Le récit est ponctué de mots en innu-aimun. C’est tellement beau. Et précieux aussi de maintenir cette langue vivante. Car une langue qui disparaît est une perte immense pour l’humanité. C’est un rapport au monde et une façon de nommer les choses qui s’effacent…
Julie M. - Le 02 janvier 2023 à 18:52